30/12/2008

Film: Roman Polanski " wanted and desired "

Roman Polanski: wanted and desired, est un documentaire de Marina Zenovitch qui sort en salle le 31 décembre 2008.

Une décapante analyse sur l'inefficacité de l'appareil judiciaire face aux problématiques sectaires
.

Publié sur ORSERIE le site collaboratif  du beau et du bien-être mardi 30 décembre 2008, article d'Olivier Bailly

Roman Polanski, wanted and desired : le procès du procès


Roman Polanski a fui l'Amérique il y a trente ans. Son départ précipité tient de l'évasion rocambolesque. A un détail près : le réalisateur du Bal des vampires n'était pas derrière les barreaux lorsqu'il s'est sauvé. C'est pour éviter une lourde peine de prison qu'il a gagné Londres puis la France où il a depuis refait sa vie. Que s'est-il passé ?

En 1977 le cinéaste est accusé d'avoir abusé d'une mineure. S'ensuit un procès inique mené par un juge davantage préoccupé par sa renommée et les médias que par la recherche de la vérité. Avec Roman Polanski : wanted and desired, la réalisatrice Marina Zenovitch se focalise non pas sur l'affaire en tant que telle, mais sur ses suites juridiques.

Mené de main de maître, ce documentaire qui a été récompensé au festival de Sundance, présenté en sélection officielle à Cannes et au festival de Deauville est le procès du procès. Il comporte tant de révélations qu'il pourrait peut-être changer la donne et permettre enfin à Roman Polanski, aujourd'hui âgé de 75 ans, de retourner aux Etats-Unis.

En Californie, en 1977, un scandale défraye la chronique judiciaire et mondaine : le cinéaste Roman Polanski est accusé de viol sur la personne d'une mineure, Samantha Geimer. Il a 43 ans, elle en a 13. Ce n'est pas la première fois que le réalisateur du Bal des vampires, du Couteau dans l'eau, du Locataire, etc., fait les gros titres de la presse. En1969, alors qu'il prépare un tournage à Londres, sa femme, l'actrice Sharon Tate, est assassinée dans leur maison, en Californie. Mais le cinéaste trouve la force de survivre à ce drame. Il tournera Chinatown en 1974 qui remportera un succès international.

Polanski, depuis Rosemary's Baby (1968), est régulièrement visé par certains groupes de pressions américains qui l'accusent de satanisme. Autant dire qu'en ce pays puritain et outrancièrement moraliste, sa réputation est sulfureuse. Surtout que dans ses films il s'ingénie à explorer la face sombre de l'âme humaine. Bref l'homme - qui plus est charmant, séducteur, intelligent, talentueux - intrigue.

En 1977, donc, rappelle Le Figaro, « les parents de Samantha Geimer accusent le cinéaste d'avoir abusé de leur fille de 13 ans, après lui avoir fait consommer de la drogue et de l'alcool, lors d'une séance photo pour un grand magazine de mode, se déroulant dans la demeure de Jack Nicholson. Roman Polanski plaide coupable de « relations sexuelles illégales » et est condamné à une « évaluation » de trois mois dans une prison. Le cinéaste y passera 47 jours. En janvier 1978, lors d'une réunion avec ses avocats, le juge laisse entendre qu'il le renverra sous les verrous pour une nouvelle période de 48 jours. Roman Polanski prend un avion pour l'Europe et devient (et demeure) un fugitif aux yeux de la justice américaine ».

Ce qui intéresse le juge Laurence Rittenband, chargé de cette affaire, c'est moins sa trouble réputation que la célébrité du prévenu. Lui qui n'aime rien tant que les stars et la publicité s'en lèche les babines. Ce procès, qu'il transformera en mascarade médiatique, sera la grande affaire de sa vie, mais aussi sa fin, car il en sera dessaisi. Comme l'écrit Gérard Lefort dans Libération : « Le gus, par ailleurs très bon vivant (champagne et girlfriends), mettant littéralement en scène la chance d'avoir sous sa griffe un cinéaste alors célèbre autant pour ses films que pour le massacre quelques années auparavant de son épouse [...] ne veut pas tant la peau de Polanski que faire durer le plaisir du procès pour augmenter sa propre gloire médiatique. Ce qui, à terme, le perdra, puisqu'il aura l'imprudence d'organiser une conférence de presse alors que le procès est en cours, et sera à ce titre récusé. »

Dans Roman Polanski : wanted and desired, la victime, Samantha Geimer (qui depuis a tout pardonné au cinéaste), est plus laconique : « Le juge adorait la publicité, peu lui importait ce qui m'arrivait ou ce qui arrivait à Polanski ».

Dans ce documentaire non autorisé, Marina Zenovitch ne se place pas du côté de la défense ou de l'accusation. Peu importe les faits reprochés à Polanski. Peu importe, également, l'œuvre du cinéaste dont la biographie est sommairement esquissée. Elle ne cherche pas davantage à lui plaire. Son portrait est sans complaisance, mais sans sévérité non plus. Le film enquête sur le procès et ne dévie jamais de sa trajectoire. Il en sort des révélations pour le moins troublantes sur les manières d'agir du juge Rittenband. Des manières aussi bien contestées par les avocats de la défense que par celle de l'accusation.

Roman Polanski : wanted and desired est une réussite. C'est un film haletant, sans temps mort, bourré d'images d'archives, de séquences d'actualités où l'on voit un Polanski fidèle à lui-même, séducteur, intelligent, narquois. Certaines scènes de films tournés par le réalisateur ponctuent intelligemment l'ensemble. Des scènes de fiction où l'on voit un Polanski traqué, hanté, inquiet...

Quant aux principaux protagonistes, des journalistes aux avocats en passant par les flics et la victime, ils sont tous là et expliquent chacun en détail leur vision de ce procès. Il ne manque que le juge, décédé depuis, et Polanski. L'enquête est si bien menée qu'on en finit par penser que la manière dont se déroule ce procès est presque plus scandaleux que les faits reproché à Polanski. Là-dessus, d'ailleurs, il y aurait beaucoup à dire car finalement, même si la victime a pardonné, que s'est-il réellement passé ?

On serait presque tenté de reprocher à Marina Zenovitch de ne pas s'appesantir sur l'affaire elle-même. La mère de Samantha Geimer, actrice de seconde zone, connaissait la réputation du cinéaste. Pourquoi donc avoir laissé sa fille, qui même âgée de 13 ans n'avait rien d'une gamine pré-pubère, avec un tel « monstre », un tel « pervers »  ?

Recherché en Californie, aimé en France, tel est le dilemme dans lequel évolue le cinéaste trente ans après les faits. Ce n'est bien sûr pas aussi simple. Ni complètement vrai. Le Pianiste, qui a été un immense succès aux Etats-Unis, y a reçu trois Oscars en 2003, au milieu des ovations.

Cependant, Polanski sait que s'il revient aux Etats-Unis la justice ne l'acclamera pas ! Il a récemment émis le vœu d'y retourner, libre. Ses avocats ont demandé la justice californienne d'abandonner les poursuites.

Ce film pourrait changer la donne car il apporte la preuve éclatante que le procès inique ou plutôt le grand spectacle médiatique tenu il y a trente ans est entaché d'irrégularités flagrantes.

Welcome, Mister Polanski ?

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