06/06/2006

Les enfants d’une secte


En France toujours, une autre des associations de lutte contre les sectes a publié, pour la première fois en juin 2004, un dossier special sur les enfants et les sectes que vous pouvez peut-être encore trouver sur leur site www.unadfi.org

Bien que nous ne soyons pas tout a fait d'accord avec les deux derniers articles, nous les reproduisons ci dessous, il peuvent toujours servir a exercer votre esprit critique ou dans des procedures dures durent...

Cette assistante sociale courageusement avec l'aide de Mme Hayat el Mountacir avait réssi contre toute attente à sortir les enfants des griffes de la communauté de Maité Castano
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Alors assistante sociale d’un service de protection de l’enfance, j’ai été mandatée par un juge des enfants, pour effectuer une enquête sociale concernant trois jeunes enfants ( 5 ans, 4 ans et 1 an ½ ) vivant avec leurs parents dans une secte.

Les conditions difficiles et délicates de mon intervention, m’ont permis de prendre la mesure de leur souffrance et du danger encouru par tous ceux (jeunes enfants et adolescents) qui vivaient ou avaient vécu dans cette secte.

1 – Coupure avec l’extérieur, isolement et enfermement des enfants et des adultes

Les parents ayant été amenés à rompre avec leurs familles et leurs amis, les enfants ne connaissaient pas ou très peu leurs grands parents et leurs familles proches.

2 – Pour éviter qu’ils aient des contacts avec l’extérieur, les enfants étaient retirés de leurs écoles pour suivre les cours par correspondance du CNED[3], sous prétexte d’activités musicales développées. Lors des rares visites des inspecteurs de l’ Education Nationale, ceux ci avaient droit a une véritable mise en scène très séduisante qui ne leur permettait pas d’évaluer le bien fondé de cette scolarisation interne, et encore moins le danger encouru par ces enfants.

3 – Les manifestations affectives et les marques d’intérêt à l’égard des enfants étaient considérées comme mauvaises.

Ainsi les tout petits passaient leurs vies dans leurs parcs, sans jouets : il était interdit aux parents et à quiconque de les prendre dans leurs bras, de les consoler, de les câliner ou de jouer avec eux. Si un parent dérogeait, il était dénoncé par un autre adepte et réprimandé. Ces enfants étaient affectivement carencés et peu éveillés au monde.

Les enfants devaient ainsi devenir résistants pour « vaincre les forces du mal et les manifestations du malin ».

4 – Les enfants comme les adultes devaient affronter des situations de plus en plus difficiles pour s’endurcir et être meilleurs que les autres.

L’élitisme et la mégalomanie étaient poussés à l’extrême. Les enfants devaient tous jouer d’un instrument de musique qui leur était imposé et être les premiers au conservatoire. Ils devaient travailler (devoirs et musique) sans relâche et avec acharnement jusque tard dans la nuit. Leurs résultats et leurs notes étaient comparés. Ils étaient ainsi souvent blâmés publiquement et punis.

5 – Les enfants comme les adultes, étaient tenus à une soumission et une obéissance aveugle au gourou et à son épouse. Les enfants ne relevaient plus de l’autorité de leurs parents, mais de celle du couple leader qui décidait des orientations scolaires et professionnelles : d’où une scolarité perturbée, des blocages et des découragements. Lorsque les enfants n’étaient pas « conformes », les parents se faisaient vertement réprimander devant leurs enfants et les autres adeptes : ils étaient considérés comme inaptes à élever leur enfants. Ainsi les enfants de tous âges étaient livrés sans défense, au despotisme du couple.

6 – La délation et la surveillance des uns par les autres, instauraient un climat de méfiance et d’isolement avec impossibilité de communiquer : les enfants se dénonçaient entre eux et dénonçaient leurs parents.


7 – Mauvais traitements physiques.

Ø Les règles de vie strictes et répressives (jeûnes, sommeil réduit, travail acharné, aucun loisir, aucune sortie, aucun jeu) entraînaient une grande fatigue, voire une faiblesse physique qui fragilisaient enfants et adultes.

Ø Les coups de ceinture étaient fréquemment donnés par les parents, même aux plus petits.

Ø Coups de poing, gifles étaient donnés par le couple leader. Obligation était faite pour tous, y compris les enfants en bas âge, d’assister au culte pendant 5/6 heures, sans bouger, parler ou faire ses besoins naturels. Si un enfant pleurait, remuait, le père ou la mère l’emmenait pour le corriger, sous l’œil désapprobateur de l’assistance.

Ø Coups de règle sur les doigts, bouches scotchées, suppressions de repas, mises au coin pendant des heures.

Ø Pas le droit de courir, il fallait se comporter dignement.


8 – Sévices moraux.

Ø Isolement parents-enfants : à partir de 5 ans, les petits étaient séparés de leurs parents occupés à d’autres tâches. Ils étaient alors pris en charge par la femme du gourou dans un autre lieu, pouvant être enfermés dans une chambre ou mis dans le noir.

Ø Le maître mot était : « il faut briser l’enfant pour le soumettre, le rendre docile et obéissant ».

En effet ces enfants étaient très sages, soumis, apeurés, tristes, éteints, repliés sur eux mêmes, sans spontanéité. Ils ne savaient pas jouer.

Ø L’autocritique, les confessions écrites ou publiques, suivies de punitions, entrete-naient un climat de terreur. Ces tribunaux de torture morale pour adultes et enfants, avec procès d’intention, arrivaient à soumettre une adolescente, en l’humiliant sans arrêt, en la mettant en quarantaine, etc…

9 – La déstructuration de la personnalité ou l’impossibilité pour l’enfant de se structurer, dans un climat permanent d’angoisse et de culpabilité par peur de déplaire au couple de gourous et d’être dénoncé.

Ø Changements continuels d’instruments de musique imposés.

Ø Instabilité permanente des lieux où dormir : le soir les enfants se déplaçaient avec leur matelas et demandaient à l’épouse du gourou où ils devaient dormir.

Ø Lorsque les enfants obtenaient de bons résultats scolaires et musicaux et qu’ils se montraient contents d’eux, ils étaient repris, humiliés et taxés d’orgueil.

Ø Quand les petits mangeaient leur soupe avec une petite cuillère, on leur ordonnait d’en prendre une grande ; si la fois suivante ils prenaient une grande cuillère, on les obligeait à en prendre une petite… Leurs repères étaient sans cesse brouillés.

En conclusion ces enfants étaient en danger moral et physique du fait de l’asservissement mental de leurs parents par le couple leader. Déresponsabilisés, ces parents n’avaient plus de prise sur leurs enfants ni de communication avec eux. Pris en charge par le couple de gourous, enfermés, oppressés, soumis, déstructurés et manipulés, les enfants étaient brisés dans le développement de leur personnalité. La scolarisation interne empêchait qu’ils restent en contact avec une certaine réalité et gardent une ouverture sur le monde.

Aussi ces trois enfants ont-ils été placés par le juge des enfants chez leurs grands parents et ils y sont toujours depuis quinze ans. Grâce à ces derniers, tous les trois font de bonnes études, et semblent autonomes et équilibrés. Ils n’ont pas revu leurs parents depuis lors, ceux-ci vivant à l’étranger où ils se sont réfugiés avec le couple de gourous, après le placement de tous les enfants de la secte par le juge et le procès de membres de celle-ci.


L’enfance maltraitée en milieu sectaire

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit la violence à l’égard des enfants comme suit : « Les mauvais traitements de l’enfant ou la maltraitance s’étendent à toutes les formes de mauvais traitements physiques ou affectifs, de sévices sexuels, d’abandon ou de négligence, d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité, dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. »

Un nombre important d’enfants nés ou éduqués dans un milieu sectaire totalitaire est confronté à des risques importants de maltraitance de la part non seulement de leur entourage familial mais également des autres membres du groupe, et en particulier du gourou.

Le groupe, ou la cellule familiale fonctionnant selon un modèle sectaire, constitue un milieu pathogène pour l’enfant.

La maltraitance induite par la secte (groupe-doctrine-gourou), dépossède l’enfant de son identité physique, psychique et émotionnelle, niant son existence en tant que sujet de droit pour en faire un objet aliéné au système sectaire qui se perçoit comme hors du monde. Le refus du libre arbitre, du poids de la société et de ses institutions font que la pression sociale peut paraître inexistante et inefficace sur les adeptes qui vivent une « idéologie hors de la société ». Endoctrinés, les enfants n’ont comme référent que « la secte » et sont dans l’incapacité de comprendre le sens des institutions de l’Etat (Education, justice, médecine...) et des valeurs qu’il prône « Liberté – Egalité - Fraternité », valeurs non reconnues et souvent combattues par le groupe.

L’enfant évoluant dans un environnement sectaire est menacé à deux titres : mineur et adepte. Son statut de mineur le place, de fait, dans un état de vulnérabilité face aux actes délictueux commis à son égard. De plus, le groupe sectaire totalitaire prive l’individu, notamment par le biais de la manipulation mentale, de son libre arbitre et de sa capacité à penser et agir par lui-même pour le placer en état de sujétion (cf. : loi About-Picard du 12 juin 2001).

Devenu objet, l’enfant ne possède plus de droit mais uniquement des devoirs, il doit tenir un rôle, remplir une mission auprès du groupe et du leader, dans la logique d’une obéissance absolue.

Dans ce cadre de vie perverti, nuisible à l’individu, les actes de maltraitance sont perçus et présentés par ceux qui les commettent comme profitables à celui qui les subit. Ils sont érigés en valeurs. Les mineurs subissent des atteintes graves à leur intégrité et à leurs droits aux niveaux physique, psychologique, familial et social. Dans tel groupe, le leader abusera de mineurs afin de les purifier et de leur permettre d’accéder à un état supérieur (les cas de pédophilie dans les sectes sont nombreux). Tel autre encouragera les parents à châtier leurs enfants en leur infligeant des sévices physiques (coups, mutilations, privation de nourriture, défaut de soins) ou psychologiques (brimades, humiliations, déni de l’identité, interdit de l’opposition…).

La cellule familiale ne représente plus la cellule de base, elle est soumise à l’autorité et au contrôle du groupe. Les parents, sont symboliquement et effectivement dépossédés de leur autorité et de leur fonction qui sont transférées aux structures sectaires. Le lien familial est assujetti au lien groupal, ce qui entraîne de graves problèmes dans la construction de l’identité et dans les relations parents-enfants. La socialisation se fait d'abord (et parfois exclusivement) dans la secte avec un modèle unique, présenté comme le meilleur. La nécessité de fréquenter le moins possible les autres, car ils appartiennent à des familles "mauvaises", et d'être en même temps un "modèle" pour ces autres familles isole l'enfant dans une diffé-rence valorisée à l'intérieur du groupe et incomprise à l'extérieur. La mise à l’écart de la société civile est génératrice de comportements nuisibles au développement social et intellectuel de l’enfant : scolarisation défaillante ou absente, domaines d’apprentissage limités, refus de participer aux activités civiques, absence de loisirs… pour ne pas tous les citer.

Pour l’UNADEFI, la maltraitance des enfants en milieu sectaire est un fait indéniable, auquel elle se trouve confrontée régulièrement et, parfois, dans des conditions dramatiques.

La plupart du temps, les cas nous sont rapportés par l’intermédiaire de proches qui témoignent de leur inquiétude due à l’adhésion d’un des leurs à un groupe sectaire ou lors d’actions en justice, notamment dans les procédures de divorce. Inquiets pour l’avenir de l’enfant, ils font état des dangers encourus par celui-ci s’il demeure dans un environnement sectaire par l’intermédiaire de l’un ou de ses deux parents.

Certaines situations peuvent devenir critiques et même létales si le danger n’a pu être détecté à temps.

Rares sont les cas où les mineurs saisissent, de leur propre chef, une association ou une institution afin de témoigner de leurs souffrances. Nous savons qu’il est toujours difficile pour un enfant maltraité de se livrer à un tiers, du fait de la culpabilité et de la honte qu’il éprouve et de l’interdit qui lui en est fait.

A l’ignorance de ses droits et de ses recours mais, avant tout, de la notion « intégrité » s’ajoute chez le jeune adepte, la crainte inculquée du monde extérieur.

A l’adolescence se produisent parfois des phénomènes de révolte, qui poussent les jeunes à tenter de s’éloigner de cet environnement nocif, mais ce n’est, bien souvent, que longtemps après leur majorité que certains entament des démarches ; un temps est nécessaire à leur reconstruction psychologique.

Dans son rapport 2003, la MIVILUDES propose un allongement du délai de prescription, qui « partirait du jour où la victime serait en état de déposer plainte » et non du jour où l’infraction a été commise. Le cadre sectaire où la victime se retrouve en « état de sujétion psychologique ou physique » nécessite « un régime spécifique de prescription de l’action publique ». Une proposition grandement souhaitée par l’UNADEFI et qui va dans le sens d’une reconnaissance accrue des actes de maltraitance spécifiquement liés au phénomène sectaire qui restent, à ce jour, pas assez connus des milieux institutionnels et des professionnels de l’enfance.

L’information, la prévention et la formation du public doivent amener à une prise de conscience de la spécificité des formes de maltraitance infantile liées aux sectes, spécificité qui rend plus difficile son signalement auprès des associations et des institutions compétentes.

L’UNADFI, sous l'impulsion de Mme Janine Tavernier, forte de 30 ans d’expérience dans le domaine des sectes, est un observateur et un acteur privilégié de la défense des droits de l’individu et notamment de la protection de l’enfance confrontée à la maltraitance sectaire dont la réalité ne peut être niée.

Dans notre action d’aide aux victimes, le respect des droits de l’Enfant est une préoccupation constante pour laquelle nous ne cessons de nous battre.

insertion RPE "si cela était vrai nous le saurions et les parents qui viennent nous voir et raconter leur chemin aprés avoir été surprocéduralisés et victimologisés, sont en colère contre l'instrumentalisation de leurs souffrances"

La Fonction parentale dans les sectes

Comment les sectes conçoivent-elles le rôle des parents ? Y a-t-il une fonction parentale ? Et sous quelle forme ? Cette fonction, si elle existe, est toujours pensée à l’intérieur de la doctrine de la secte et n’a donc de sens qu’au sein de celle-ci.

L’enfant enjeu – L’enfant menace

En règle générale l’enfant est conçu à la fois comme un enjeu, du point de vue théorique (doctrine) et aussi pratique (extension de la secte), mais peut dans certains groupes apparaître comme une menace pour la toute-puissance du gourou.

L’enfant enjeu

Globalement, l’enfant est présenté comme l’avenir de l’humanité. Il doit être à l’origine d’une « nouvelle race humaine parfaite » selon le langage de la secte. L’éducation de l’enfant est donc posée comme un enjeu dépassant l’enfant lui-même et ses parents biologiques, elle est sous la responsabilité de la communauté sectaire qui établit une grille d’éducation pour que l’enfant devienne un adulte correspondant à l’idéal de la secte.

Avant d’être un enfant, il est d’abord un adepte en devenir. Son éducation doit en faire un serviteur inconditionnel car il s’agit pour le gourou d’assurer la survie de la secte en préparant les enfants qui assureront la relève.

L’enfant est donc un élément important pour la survie et le développement de la secte.

L’enfant menace

L’enfant peut également représenter une menace car il risque de réveiller chez ses parents des sentiments d’amour filial suffisamment forts pour supplanter le gourou dans leur cœur ; ou tout au moins pour les éloigner un temps du groupe au profit de leur enfant.

Les soins requis par l’enfant réduiront d’autant le temps consacré au prosélytisme ou aux tâches internes à la secte.

La fonction parentale dévoyée

La fonction parentale, exercée ou non par les vrais parents, est souvent régie par la doctrine de la secte. Parfois, le parent n’a eu qu’un rôle de géniteur. Il arrive même que ce rôle soit nié, la conception de l’enfant étant attribuée au gourou ou à des « êtres supérieurs ». L’enfant devient alors l’enfant de la secte, qui sera sa seule famille. C’est le gourou qui est le Parent, aucun autre attachement filial n’est possible.

De même que le parent est totalement dépersonnalisé (il est ce que la doctrine veut qu’il soit), l’enfant n’est pas élevé en tant qu’individu avec les droits et les devoirs respectifs de son âge mais comme un futur adepte pour qui la doctrine tient lieu de pensée et de loi. C’est elle qui détermine sa place, son statut, sa vie quotidienne.

On peut alors parler de confiscation de l’exercice de la fonction parentale par la secte. Celle ci pouvant être encore plus radicale dans une communauté fermée.

1 commentaire:

  1. Dans un article de France Soir du 14 janvier 2005 sous la plume de Philîppe Bouvier, il était clairement stipulé que les Juges, l'appareil judiciaire était totalement défaillant pour protéger les enfants de l'emprise sectaire et sectaro-thérapeutique.
    Depuis et malgré une Commission d'enquête parlementaire en 2006 dans la pratique rien n'est fait pour preserver les enfants de l'influence sectaire dangereuse pour les mineurs, bien au contraire sur le terrain de plus en plus de décisions judiciares tombent pour confier les enfants au parent sectarisé...
    Est-ce de la complaisance à l'égard de rituels ou de convictions que les magistrats pourraient assimiler à des pratiques religieuses?
    Serait-ce de la complicité de mise en péril de mineurs?
    Aprés avoir entendu les auditions de la Commission d'Outreau à l'Assemblée Nationale, je crois que la deuxième solution est plus proche de la réalité magistrale!

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